Cessez d’être gentil, Soyez vrai !! (Thomas D’Ansembourg)

La violence est la conséquence de notre manque de conscience. Si nous étions intérieurement plus conscients de ce que nous vivons vraiment, nous trouverions avec plus d’aisance l’occasion d’exprimer notre force sans nous agresser mutuellement.

 

La violence s’insinue dans les mots mêmes que nous employons consciemment ou innocemment tous les jours. Elle est véhiculée dans notre vocabulaire quotidien. En effet, nous traduisons notre pensée et donc notre conscience principalement par le véhicule des mots. Nous avons dès lors le choix de faire circuler notre pensée et notre conscience par des mots qui divisent, opposent, séparent, comparent, catégorisent ou condamnent, ou par des mots qui rassemblent, proposent, réconcilient et stimulent. Ainsi, en travaillant notre conscience et notre langage, nous pouvons les déparasiter de ce qui brouille la communication et génère la violence quotidienne.

 

Dans le processus de la communication non violente nous sommes invités à prendre conscience que nous réagissons toujours à quelque chose, à une situation (C’est le point 1 l’observation)

Que cette observation suscite toujours en nous un sentiment (point 2)

Que ce sentiment correspond à un besoin (point 3)

Qui nous invite à formuler une demande (point 4).

 

Cette méthode est basée sur la constatation que nous nous sentons mieux lorsque nous voyons clairement de à quoi nous réagissons, lorsque nous comprenons bien tant nos sentiments que nos besoins et lorsque nous parvenons à formuler des demandes négociables en nous sentant en sécurité de pouvoir accueillir la réaction de l’autre, quelle qu’elle soit.

 

Cette méthode est également basée sur le constat que nous nous sentons mieux lorsque nous voyons clairement ce à quoi l’autre se réfère ou réagit, lorsque nous comprenons bien ses sentiments et besoins, et entendons une demande négociable qui nous laisse la liberté de ne pas être d’accord et de chercher ensemble une solution qui satisfasse les besoins des deux parties, par l’une au détriment de l’autre, pas l’autre au détriment de l’une.

 

Ainsi, au-delà d’une méthode de communication, la communication non violente permet un art de vivre la relation dans le respect de soi, de l’autre et du monde alentour.

 

 

 

 

Pourquoi nous sommes coupés de nous-même, de nos sentiments ou de nos besoins

 

L’espace mental

 

Nous avons jugé, mis des étiquettes, rangé les personnes dans des catégories.

Nous avons des à priori, des croyances toutes faites, des préjugés.

Nous voyons tout en noir ou blanc… sans variantes possibles entre deux.

Nous utilisons un langage qui nous déresponsabilise : Je suis en colère parce que tu… Je suis triste à cause de……   ou encore... c’est le règlement… la tradition veut que….

 

Il faut rendre l’homme libre de faire des choix tout en acceptant les conséquences des choix et les contraintes

 

 

Les sentiments

 

Nous avons appris :

- Qu’être adulte, c’est se couper le plus possible de ses émotions et ne s’en préoccuper que pour faire joli dans une conversation de salon, sans déranger personne, une fois de temps en temps.

- Pour être aimer et avoir ma place dans ce monde, je dois faire non pas ce que je sens ni ce que je voudrais, mais ce que les autres veulent. Être vraiment moi-même c’est risquer de perdre l’amour des autres.

 

Le message que l’on reçoit de la société est : « Il faut écouter les autres, faire ce que les autres veulent. »

Nous n’avons pas appris à être aimés comme nous sommes, mais à être aimés comme les autres voudraient que nous soyons

 

 

Le sentiment fonctionne comme un signal lumineux sur un tableau de bord, il nous indique qu’une fonction intérieure est ou n’est pas remplie.

 

 

Les besoins

 

Si nous nous coupons de nos besoins, quelqu’un en payera le prix, nous-même ou l’autre.

 

Souvent nous aimerions que l’autre comprenne nos besoins, alors que nous-même ne savons pas les exprimer.

Alors dans ce cas, comment l’autre peut-il deviner, ce que nous-même n’avons pas défini ?

 

La demande

 

En formulant une demande concrète, nous sortons de l’attente, souvent désespérée, que l’autre comprenne notre besoin et accepte de le satisfaire, attente qui peut durer une éternité et se révéler extrêmement frustrante.

 

Voici donc les 5 étapes pour remédier aux frustrations :

 

a)          Nommer le sentiment (je suis triste, en colère, nerveux,…)

b)          Nommer le besoin qui en découle (j’ai besoin d’écoute, de parler,…)

c)           Formuler le besoin, la demande (à la personne concernée)

d)          Écouter le besoin de l’autre

e)           Chercher un compromis qui rencontre les deux besoins.

 

 

 

Si l’on écrase ses frustrations, on emmagasine comme dans une cocotte-minute et l’on risque d’exploser (rébellion) ou d’imploser (absentéisme, déprime, on se sent perdu, sans repère).

 

 

Je ne peux pas aimer, écouter, voir l’autre si je ne m’aime pas, ne m’écoute pas, ne me vois pas.

 

La peur d’être jugé, d’être critiqué Þ entraine la peur de s’ouvrir, de parler de ses sentiments. Þ Donc, je me colle dans la peau que l’autre voudrait que je sois.

 

Il faut dire nos besoins à la personne plutôt que de se plaindre continuellement (à une autre personne, non concernée par le problème).

Il faut dire ses besoins plutôt que reprocher et dire ce que je ne veux pas..

 

 

Souvent, nous ne sommes pas prêts à ce que l’autre ne soit pas d’accord car il y a une lutte de pouvoir (obligation).

 

Il faudrait intégrer les deux opinions, chercher un compromis pour rencontrer l’autre, cohabiter avec l’autre plutôt qu’une lutte de pouvoir.

Nous avons le rêve que l’autre pense et soit comme nous alors que l’on ne voit pas les choses de la même façon.

 

 

Formuler ses besoins, c’est maintenir la relation, c’est la nettoyer des frustrations, des plaintes, des reproches, de l’hypocrisie, des arguments, de la lutte de pouvoir.

 

 

Exemple :

 

Un homme vient en consultation et se plaint régulièrement de sa relation avec sa compagne.

Tant que l’homme se plaint en voyant ce que l’autre fait, il reste dépendant ou tributaire de l’attitude qu’il prête à l’autre. C’est l’autre qui est responsable de son mal-être.

Quand l’homme commence à voir la chose différemment, c'est-à-dire qu’il sort de sa plainte (ma femme me manipule par ex.) et quand il atteint son vrai sentiment (Je suis triste et en colère) et son besoin à lui (j’ai besoin de respect pour mon identité) C’est quand il commence à parler vraiment – en vérité- de lui-même que le travail commence. Tant qu’il commente plus ou moins indirectement ce que sa compagne fait ou ne fait pas, il n’avance pas. Dès qu’il parle vraiment de lui, il avance. C’est Lacan qui disait à une patiente : « Quand vous m’aurez dit une parole qui parle vraiment de vous, vous serez guérie. »

 

Accueillir et aimer notre propre vulnérabilité nous rend disponible pour accueillir et aimer celle de l’autre. Je ne vois pas à ce jour d’autre moyen pour renoncer à notre vieille et tragique habitude de vivre nos rapports humains comme des rapports de force.

 

 

Une hygiène de conscience

 

Porter en soi et exprimer de la gratitude pour tous les besoins qui sont comblés, ne serait-ce, si tout s’écroule complètement , que le besoin d’être en vie, de pouvoir respirer la prochaine bouffée d’air, d’avoir des yeux pour regarder ou des mains pour sentir.

Lorsque nous nous nourrissons de l’énergie portée par tout ce qui va bien, nous trouvons la force d’affronter tout ce qui va mal. C’est un principe d’écologie intérieure : si toute notre énergie est « bouffée » par l’énervement que nous éprouvons quand le train arrive en retard, et que nous en oublions tous les trains qui arrivent à l’heure, nous sommes en danger d’enfermement dans l’étroitesse de vue et tôt ou tard, en danger d’asphyxie. Il est alors urgent de travailler notre vision globale, notre respiration globale. Dans la vie quotidienne, la vie de couple, la vie de famille et pourquoi pas à l’école et au travail, la gratitude est la vitamine de la relation.

Faut-il attendre de perdre nos proches pour exprimer tout notre amour ? Faut-il attendre d’être hospitalisés pour célébrer la joie d’être en santé ? Faut-il attendre d’être seuls pour apprécier la compagnie ? Faut-il attendre que ça aille mal pour prendre conscience que ça allait bien ? Si nous ne sommes pas vigilants, notre conscience peut se laisser remplir de toutes les mauvaises nouvelles au point de ne plus avoir de place pour accueillir les bonnes.

 

 

 

 

La violence n’est pas notre nature

 

La violence n’est pas l’expression de notre nature. Elle est l’expression de la frustration de notre nature. La violence sert à exprimer nos besoins lorsqu’ils ne sont pas reconnus ou satisfaits. Si nos besoins sont reconnus ou à fortiori, comblés, à quoi nous sert la violence ?

Si nous pouvions dire nos amertumes ou nos peurs, même les plus secrètes, ne pensez-vous pas que nous pourrions coexister avec force et fantaisie sans nous agresser ?

 

 

Jardiner la paix

 

Il n’y aura pas de paix dans le monde tant que chacun d’entre nous ne prendra pas soin de sa paix intérieure, comme un jardinier prend soin de ses fleurs chaque jour. Commençons pas cultiver la paix à l’intérieur de nous-même. Elle se propagera ensuite par rayonnement : la paix, c’est contagieux !