Les peurs de commettre un acte impulsif

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Ces peurs sont souvent une source de grand désarroi. Elles consistent en la crainte obsédante de commettre, brutalement, sans pouvoir le contrôler, un acte contraire à ses convictions, ses valeurs, ses sentiments : pour une maman, jeter son bébé par la fenêtre, par terre ; poignarder un proche avec un couteau de cuisine aperçu dans le tiroir ; insulter quelqu’un qui ne le mérite pas et que l’on aime ou respecte…

 

Ces peurs de perdre le contrôle de soi, encore appelées « phobies d’impulsion », sont très fréquentes dans le cadre des TOC, encore eux.

Mais elles existent aussi de manière isolée, de temps en temps, chez tout être humain. Elles sont en général déclenchées par la conjonction d’un peu de fatigue et de circonstances facilitantes : passer près de la fenêtre avec un bébé dans les bras, voir un proche nous tourner le dos alors qu’on tient un gros couteau de cuisine pour découper le rôti…

 

Bien évidemment, qu’elles surviennent dans le cadre de TOC ou de manière passagère, ces peurs ne se réalisent jamais. Elles restent toujours à l’état d’impulsions, d’autant plus absurdes qu’elles sont illogiques : avoir l’idée de donner un coup de couteau à son conjoint alors qu’on vient de se disputer avec lui et qu’on tient un couteau dans la main relève d’une certaine « logique », même si ce n’est évidemment pas recommandable. Ces pensées agressives sont donc moins déstabilisantes dans un contexte de conflit, même si elles sont disproportionnées, que si elles surviennent alors que votre conjoint vient de vous faire un petit bisou en passant, et que tout va bien entre vous…

 

Pour lutter contre ces phobies d’impulsion, il faut, à un moment, que la personne accepte de s’exposer à nouveau aux situations qu’elle redoute : manier un couteau en présence de quelqu’un qu’on aime, pour vérifier que, malgré les idées affolantes qui vont alors affluer, on ne va pas le poignarder. Ou bien, se tenir à côté d’une personne penchée dans le vide : là encore, bien que des images où l’on se voit pousser la personne dans le vide se bousculent à l’esprit, on ne le fera pas. Il n’y a donc aucun risque, tout simplement parce que jamais, jamais, de mémoire de psy, on n’a vu de telles phobies d’impulsion se réaliser…

  

Ces phobies d’impulsion sont d’ailleurs une bonne occasion de rappeler que, face aux vrais dangers, aux vraies menaces, il y a finalement peu de différences de comportement entre phobiques et non phobiques. Contrairement à ce qu’ils croient, les phobiques peuvent se comporter normalement, et même courageusement, face à un problème réel et actuel. Ce n’est que face à la possibilité du danger qu’ils sont nettement moins performants…