Jean-Cottraux : Les thérapies cognitives

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P. 189 L'obsession, mirage de la pensée

 

Chacun présente des pensées incongrues, obscènes, violentes ou antisociales, mais seuls les patients obsessionnels ne peuvent s'en débarrasser et en ressentent une profonde angoisse et une intense culpabilité qui les conduit à bâtir tout un système défensif.

 

La pensée intrusive :

La pensée intrusive est à l'entrée du système. C'est une pensée obsédante étrangère au sujet, refusée et répugnante : par exemple l'idée   intrusive de tuer son propre enfant. L'obsession anormale diffère de l'obsession normale seulement par le fait que le sujet obsessionnel ne s'y habitue pas et ne peut la rejeter. Il prend le mirage de ses pensées pour une réalité dangereuse où il va être impliqué.

 

Selon le modèle cognitif, les obsessions sont causées par des interprétations erronées et catastrophiques qui surestiment l'importance des pensées, des images mentales et des impulsions antisociales qui sont fréquentes aussi bien chez les sujets normaux que les personnes souffrant de troubles obsessionnels

 

La thérapie cognitive dans ces cas consiste à apprendre au sujet à rester en contact avec ses pensées intrusives, sans émettre de neutralisation mentale, ni à chercher à se rassurer auprès d'une autre personne.

 

Il faut aider le sujet à éliminer ses pensées automatiques neutralisantes, puis à mettre en question les systèmes irrationnels de pensée qui les sous-tendent et empêchent l'exposition. L'arrêt de la pensée doit porter non sur la pensée intrusive, mais sur la pensée automatique neutralisante.

Le but est de mettre en contact le patient pendant une longue période avec la pensée refusée pour qu'il s'y habitue.

Finalement il doit devenir aussi mal-pensant que tout le monde puisque l'on sait que chacun à des pensées intrusives abominables dont il ne fait pas cas.

 

  

P. 100 Les attaques de panique

 

La panique spontanée est vécue comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu.

En fait dans les douze mois qui précèdent le début des attaques de panique, 90% des sujets subissent des "événements stressants" importants (deuil, séparation.. changement d'emploi, etc… )

Les sujets qui vont développer une maladie-panique sont ceux qui vont interpréter la première attaque comme un événement sur lequel ils n'ont aucun contrôle et qui risque à tout moment de les emporter dans la mort ou la folie.

 

 

Modification des attaques de panique : p108

 

Il faut tout d'abord dédramatiser. Une série de messages spécifique sont à faire passer :

 

1. L'anxiété fait partie de la vie.

2. L'anxiété n'est pas une ennemie, il faut savoir l'accueillir et la maîtriser.

3. Les attaques de panique sont un phénomène fréquent, même chez les personnes qui ne présentent pas de problèmes psychologiques importants.

4. Les symptômes physiques ressentis au cours des crises correspondent à l'accélération cardiaque respiratoire, et non à une attaque cardiaque ou cérébrale.

5. La tension dans les muscles intercostaux peut expliquer les douleurs thoraciques souvent interprétées comme une angine de poitrine.

6. L'accélération respiratoire et cardiaque modifie les gaz du sang. Ces changements métaboliques expliquent les symptômes psychiques de l'angoisse qui ne sont pas dus à la folie.

7. Ces symptômes, qu'on appelle parfois "spasmophilie" peuvent être reproduits chez la plupart des gens par une accélération respiratoire volontaire prolongée pendant deux ou trois minutes.

8. L'angoisse peut être augmentée par certaines pensées catastrophiques, ou sous l'influence d'événements déstabilisants.

 

Modification des interprétations catastrophiques : p110

 

Elles permettent d'attribuer les sensations physiques à l'anxiété et non à une maladie physique dangereuse(infarctus) ou à un état psychiatrique grave (délire)

Je ne risque pas de mourir ou de devenir fou, je fais une crise d'angoisse, et je suis capable de tout contrôler (respiration, cœur, tête)