L’angoisse et son cortège de signes (Tout est psy du Dr. Philippe Wallon)

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Il faut faire la différence entre angoisse et peur. La première est un état, indépendant d’une situation, la seconde se porte spécifiquement sur une chose, parfaitement définie.

L’angoisse est la douleur de l’âme, équivalente à la douleur physique pour le corps. Elle avertit que nous sommes dans une situation de danger. Certaines personnes sont atteintes d’une maladie qui supprime la sensation de douleur. De ce fait, elles se coupent et se blessent fréquemment, car elles ne sentent pas quand leur corps est menacé. De la même manière certaines personnes ne sentent pas l’angoisse. Et ces personnes posent des problèmes car elles prennent des risques inutiles.

L’angoisse est normale. Elle reflète des conditions de vie inadéquates, et l’esprit indique par là sa souffrance. Hélas, contrairement à la douleur physique, dont la cause est généralement claire, l’angoisse ne révèle pas facilement ses causes.

 

La première cause d’angoisse, toute simple en théorie, est que nous ne laissons plus notre corps vivre comme il le devrait. (manque de sport par exemple) Nous avons besoin d’exercice physique, car nous sommes avant tout des animaux ! Si nous enfermons un chien dans une petite cage, nous n’allons pas tarder à le voir se gratter, perdre ses poils….. tous, signes d’une angoisse profuse. Donc bougeons !!!

  

L’attaque de panique :

 

L’attaque de panique initiale est toujours la même : impression de malaise extrême, que l’on va perdre la vie, que la pensée s’est arrêtée et ne repart plus, que le cœur se décroche, sensation de perdre ses jambes, de trembler de tout son corps, de suer abondamment….

L’histoire est toujours la même à la suite d’une incident, dans un lieu déterminé, la crainte s’installe, on a peur que se reproduise cette panique ou ce malaise et l’on en vient à fuit tout ce qui peut l’évoquer. On se met à redouter la voiture si c’est sur la route qu’on a eu peur, les lieux publics si l’angoisse est née dans la foule etc…….

 

La première chose qu’il faut savoir est que cette panique, même si elle confronte à l’idée de la mort imminente, n’entraîne jamais la mort.

 

La seconde chose qu’il faut également savoir est que cette crise vagale ne survient jamais quand on est en réel danger. La raison en est simple : dans un état de danger, c’est le système dit « sympathique «  qui prend le dessus et qui est antagoniste au système vagal ou « parasympathique ». Le premier inhibe le second. Aussi la crise survient-elle dans des moments de calme ou de repos, de diminution de la vigilance, mais jamais dans les moments où nous avons besoin de réagir dans l’urgence. Dès lors, la méthode de résolution est toujours la même. Tout d’abord se rassurer sur l’issue : cela cesse toujours après un temps plus ou moins long, sans jamais mettre la vie en danger.

  

Apprendre à maîtriser l’angoisse elle-même.

 

En effet, si on la maîtrise une fois, l’inconscient, qui met en mémoire tout ce que nous faisons instant après instant, se souviendra que l’angoisse ne nous a plus dominés, et il sera rassuré. De ce fait, la fois suivante, l’angoisse apparaîtra moindre, si même elle apparaît – ou alors elle surviendra dans une situation plus grave que la première.

Pour maîtriser l’angoisse, il faut d’abord la regarder. C’est comme un chien : si nous lui tournons le dos, nous prenons le risque de nous faire mordre ; si nous lui faisons face, il y a de fortes chances qu’il ne se produise rien. Faire face à l’angoisse nous apprend à la connaître, à l’évaluer : où se situe - t’elle ? Comme un malaise dans notre tête, des jambes qui flageolent, des paumes moites, des tremblements dans tout le corps, une impression de mort imminente ….

A partir de là, il faut ne compter que sur ses propres forces. Si vous attendez une aide extérieure, elle ne viendra pas, ou pas à temps, ou pas comme vous l’attendez, car personne ne peut vraiment savoir que vous souffrez, ni vous apporter de quoi vous soulager.

 

La deuxième chose consiste à rester sur place. Si vous êtes dans un lieu fermé (cinéma…) sur une route dans votre voiture, à votre siège dans un avion, ne bougez pas !!!! En effet, la fuite génère l’angoisse, car on cherche une solution. Or, cette solution, comme le dit le sage dans le « ici et maintenant ». Si vous fuyez, vous allez chercher une sortie que dans votre panique vous ne trouverez pas, ce qui aggravera encore les choses. Si vous restez sur place, vous pouvez vous concentrer sur votre angoisse et rien ne viendra vous distraire.

 

La troisième chose à faire est de ralentir vos gestes. Il faut aussi respirer lentement et avec le ventre. Quand on s’angoisse, on augmente généralement la rapidité de ce qu’on fait, même si l’on ne s’en rend pas compte, on augmente aussi la vitesse de nos respirations. Les ralentir, c’est les contrôler. En premier lieu parce que ralentir signifie, en pratique, faire attention à ce que l’on fait !! Ainsi vous allez vivre plus intensément ce geste, aussi anodin soit-il. Si vous étiez dans un magasin en train de choisir un steak, faites-le avec plus d’attention, plus de soin, même si cela n’a aucune importance, regardez la date de fabrication….Cela aura déjà l’avantage de maintenir votre attention sur quelque chose de concret, et donc de vous soustraire au malaise que vous ressentez. Vous allez voir ainsi qu’en une ou deux minutes, rarement plus, vous aurez dominé l’angoisse. Elle ne paraîtra plus dramatique. Alors vous pourrez faire ce que vous voulez, mais sans vous soumettre à ce qu’elle vous dicte.

 

Pour bien comprendre le phénomène, il faut savoir que l’angoisse « panique » est issue des zones profondes de notre cerveau, proche du thalamus, zone de l’émotion et de la douleur. Or, la pensée raisonnable siège plusieurs centimètres en avant, dans le cortex préfrontal. Cela signifie qu’il y a de nombreuses cellules entre les deux. Ce qui explique pourquoi l’angoisse n’est pas liée à la raison et qu’elle doit se traiter comme un animal.

 

Quatrième point : si vous avez réussi à vaincre l’angoisse, récompensez-vous par un des petits plaisirs que vous ne vous octroyer pas souvent, un bonbon, un gâteau acheté chez le pâtissier… C’est exactement comme avec un chien ou un phoque qui au cirque, a fait bien le tour de piste qu’on lui avait demandé. Ainsi, la prochaine fois, votre cerveau profond se souviendra de l’issue agréable de cette histoire et ne s’inquiétera plus.

 

Bien sûr, on ne maîtrise pas une phobie en une fois, mais l’important est de progresser. Si d’une fois sur l’autre votre être constate que vous supportez davantage, il en sera heureux et vous suivra, enthousiasmé.

Enfin, quand vous aurez vaincu une angoisse, exercez-vous à aller plus loin que ce que vous faisiez auparavant. En effet, s’habituer à affronter l’inconnu est encore la meilleure manière de se protéger. Quand on prend l’initiative, les choses sont plus faciles.